Sur les raisons qui m’ont empêché jusqu’ici de croire au magnétisme animal

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Méilès
Sur les raisons qui m’ont empêché jusqu’ici de croire au magnétisme animal
Auteur : Nicolas marquis de Condorcet (1743-1794)
Auteur de l'analyse : Normand Baillargeon - Professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
Publication :

« Sur les raisons qui m’ont empêché jusqu’ici de croire au magnétisme animal », manuscrit MS 883 de la Bibliothèque de l’Institut, folios 230-246 (plus deux feuillets non numérotés). Ce manuscrit inédit de Condorcet y est assemblé avec ce qui est sans doute une copie ultérieure, de main inconnue.

Année de publication :

1784

Nombre de Pages :
18
Résumé :

Un texte d’intérêt pour l’histoire de la médecine comme pour celle du scepticisme en matière de sciences : comment Condorcet argumente contre la pseudo-science du « magnétisme animal » de Mesmer, qui fait fureur dans les salons parisiens à cette époque. Incroyable mais faux : c’est une leçon encore valable pour nombre de sujets contemporains.

Source de la numérisation :
Mise en ligne :
Janvier 2014

Drapeau français

Le magnétisme animal (lié à une « âme ») de Mesmer fait fureur à Paris dans les salons pendant la brève présence de celui-ci en France, de 1778 (où il arrive d’Autriche, à 44 ans) jusqu’en 1785, date à laquelle il quitte le pays, discrédité – et l’on n’entend plus guère parler de lui jusqu’à sa mort trente ans plus tard en Bade.

En ce XVIIIe siècle qui découvre avec fascination l’électricité, qui a admis l’existence de l’invisible gravité, qui s’émerveille devant le magnétisme, qui s’enthousiasme de ces applications pratiques que la science promet ou réalise déjà — par exemple celle de voler, promesse tenue par les montgolfières —, Mesmer soutient une thèse que tout ce qui précède contribue à rendre crédible à certains : l’univers tout entier serait rempli d’un fluide magnétique, dont le corps humain est lui aussi plein ; il serait possible, par la volonté, de communiquer ce fluide que nous avons en nous à d’autres personnes ou objets, soit par des corps intermédiaires, soit, du moins pour certaines personnes, dont Mesmer, directement par imposition des mains ; et enfin que la maladie serait un dérèglement de ce fluide, la guérison étant sa remise en ordre.

L’Académie des sciences, avec notamment Benjamin Franklin et Lavoisier, rédige en 1784 un rapport à charge contre Mesmer (ce qui précipitera son départ). Condorcet, le philosophe et savant des Lumières, ne pouvait pas ne pas s’y intéresser. Il fait une brève et incisive analyse (sans doute pendant que la commission de l’Académie menait ses travaux).

 

Drapeau anglais

Mesmer’s animal magnetism (from anima, “breath, spirit”) was all the rage in Parisian salons during Mesmer’s brief residence in France, from 1778 (when he arrived from Austria, aged 44) to 1785, when, discredited, he left the country. No more would be heard of him until his death 30 years later in Baden.

In this 18th century that had discovered electricity with fascination, acknowledged the existence of invisible gravity, marvelled at magnetism, and enthused over the practical applications promised or already achieved by science – for example, that of flying – a promise made good by hot-air balloons – Mesmer defended a thesis which, thanks to previous discoveries, appeared credible in the eyes of some. This thesis holds that the entire universe, including the human body, is filled with a magnetic fluid, and that it is possible, if one so wishes, to convey this fluid within to other individuals or objects, either via intermediary bodies, or, at least in certain people – including Mesmer himself – by the laying-on of hands. The thesis also holds that disease is caused by an imbalance of this fluid, and that its cure requires restoring its harmony.

In 1784, the Académie des Sciences, including, notably, Benjamin Franklin and Lavoisier, produced an accusatory report against Mesmer (which would precipitate his departure). Condorcet, the Enlightenment philosopher and scholar, could not help but become interested in the affair. He produced a brief but incisive analysis of it (probably while the Académie commission was carrying out its investigations).

 


Drapeau français

Né en 1958, professeur en sciences de l'éducation à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), Normand Baillargeon est auteur d’une vingtaine d’ouvrages portant notamment sur la pédagogie et le scepticisme scientifique. Il anime une émission à Radio-Canada et est auteur d’un blog consacré aux sciences de l’éducation.

 

 

Drapeau anglais

Born in 1958, professor of learning sciences at the University of Quebec in Montreal (UQAM), Normand Baillargeon is the author of some twenty works, notably on pedagogy and scientific scepticism. He presents a programme on Radio-Canada and is the author of a blog about learning sciences.

 

Condorcet et le mesmérisme : un document de l’histoire du scepticisme
Normand Baillargeon - Professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)

 

 

 

     Lorsqu’ils veulent dire qu’ils sont fascinés ou hypnotisés, au sens strict ou métaphorique, les Anglophones utilisent parfois le verbe mesmerize. Certains, sans doute, ignorent qu’il provient du nom d’un médecin autrichien, Franz Anton Mesmer (1734-1815). À ce nom se rattache un célèbre épisode de l’histoire de la médecine qui s’est joué à Paris et qui présente, comme on va le voir, un immense intérêt, et ce tant pour l’histoire de la médecine que pour celle du scepticisme. C’est justement à cet épisode que réagit Condorcet dans le texte reproduit plus loin (1).

 

Figure 1 : Franz-Anton Mesmer (1734-1815) (image WikiCommons).

 

Mesmer à Paris : du triomphe à la chute

    Qui était Mesmer ? Et à quoi doit-il la célébrité — puis le scandale — auxquels son nom restent attachés ?

    Franz Anton Mesmer (2) a fait, à l’Université de Vienne, des études de médecine au terme desquelles, en 1766, il rédige une thèse qui était déjà, à l’époque, controversée au point de susciter des railleries, puisqu’elle portait sur l’influence des planètes sur le corps.

    En 1774, il fait la rencontre d’un Jésuite, professeur d’astronomie à l’Université de Vienne, le père Hell, qui propose des cures magnétiques par l’application de plaques de métal de son invention sur le corps nu de ses patients. Mesmer s’empare de l’idée et de la pratique et construira sur elles ses propres théorie et cure du magnétisme animal — le mot ‘animal’ renvoyant ici à âme, et donc à ce qui est vivant.

    En ce siècle qui découvre avec fascination l’électricité, qui a admis l’existence de l’invisible gravité, qui s’émerveille devant le magnétisme, qui s’enthousiasme de ces applications pratiques que la science promet ou réalise déjà — par exemple celle de voler, promesse tenue par les montgolfières —, Mesmer soutient une thèse que tout ce qui précède contribue à rendre crédible à certains. Cette thèse est que l’univers tout entier est rempli d’un fluide magnétique, dont le corps humain est lui aussi plein ; qu’il est possible, par la volonté, de communiquer ce fluide que nous avons en nous à d’autres personnes ou objets, soit par des corps intermédiaires, soit, du moins pour certaines personnes dont lui, directement par imposition des mains ; et enfin que la maladie est un dérèglement de ce fluide, la guérison étant sa remise en ordre.

    Armé de ces idées, il débarque à Paris en 1778, âgé de 44 ans, bien décidé à se faire un nom. Ses débuts sont peu encourageants et on se moque volontiers de lui. Mais bientôt un médecin réputé, Charles Deslon (1750-1786), se rallie à ses thèses. Le succès vient alors et il est fulgurant. Mesmer devient la coqueluche du tout Paris et on se presse dans le grand appartement qu’il occupe pour prendre part à des séances de ‘magnétisme animal’, typiquement autour de cet instrument appelé ‘baquet’ qu’il a lui-même conçu.

 

Figure 2 : Un baquet de Mesmer. Il s’agirait là du seul exemplaire conservé de ces fameux baquets. Il se trouve au Musée d'Histoire de la médecine et de la Pharmacie, à Lyon (photo ©Éric Le Roux/Communication/Université Claude Bernard de Lyon).

 

    Voici à quoi pouvait ressembler une telle séance (3).

    Dans une grande salle aux larges miroirs et à la lumière tamisée et où l’on entend la musique d’un piano, les gens se réunissent autour du baquet présumé magnétisé. Des tiges de métal en sortent, qui seront appliquées aux endroits malades des corps des ‘patients’. Les participants sont en outre liés entre eux par une corde et se touchent les doigts et les genoux de manière à faciliter la circulation du fluide magnétique.

    Des assistants — il s’agit de jeunes hommes beaux et musclés — font ensuite leur entrée. De leurs doigts imbibés de liquide magnétique, ils touchent les corps des participants et participantes, massant des endroits stratégiques. Les convulsions commencent généralement à ce moment — ce sont des rires, des larmes, on s’arrache les cheveux, on crie, on est pris de spasmes — et Mesmer fait alors son entrée muni d’une baguette de métal. Avec elle ou par imposition des mains, ou même simplement du regard (ce sont là les « passes mesmériennes »), il ramène le calme chez les participants, convaincus de la réalité du fluide et de ses effets.

    Ce qu’on pourrait appeler la ‘mesméromania’ est alors à son comble. Célèbre, Mesmer réclame du Roi une pension pour poursuivre son travail et ses ‘recherches’. Des savants, des médecins, des philosophes joignent les rangs de ses supporters. Et si Mesmer, qui ‘mesmérise’ désormais des arbres autour desquels on s’enlace à des fins curatives, met il est vrai un baquet à la disposition des plus pauvres, les très courues séances qu’il offre chez lui sont payantes et rapportent gros.

 

Figure 3 : Séance de magnétisme animal autour d’un « baquet ». La légende indique : « Importante découverte par Mr Mesmer, Docteur en Médecine de la Faculté de Vienne en Autriche » (image 22 x 31 cm du département des estampes de la Bibliothèque nationale de France, WikiCommons).

 

    Nous sommes à présent en 1784 et la Faculté de médecine voudrait bien soumettre les extraordinaires prétentions de Mesmer à l’épreuve de l’expérimentation. Mais il se défile et quitte momentanément Paris, sous le prétexte de prendre les eaux à Spa. Delson, qui s’y était refusé, consent cette fois à ce que l’on teste la théorie et la pratique du magnétisme animal à laquelle il adhère. Deux commissions vont s’en charger, à la demande du Roi.

    La première est formée de membres de la Faculté de médecine ; la deuxième est la commission de l’Académie des sciences. On y retrouve notamment Benjamin Franklin (1706-1790), qui est alors ambassadeur des États-Unis en France, et Antoine Lavoisier (1743-1794), un des fondateurs de la chimie. Les travaux de cette dernière commission dureront quatre mois et son rapport est à juste titre resté célèbre et tenu pour un modèle du genre.

    Mesmer, durant ce temps, est toujours retiré à Spa avec ses supporters les plus enthousiastes et les plus fortunés. Ceux-ci conviennent de lancer une souscription en sa faveur. Elle comprend 100 parts vendues 100 louis chacune, chaque part donnant à l’acquéreur le droit d’apprendre de Mesmer lui-même son secret. En quelques jours, on vend plus de parts que ce qui était d’abord convenu. Mesmer rentre à Paris avec sa nouvelle fortune, pendant que se répandent dans toute la France des ‘sociétés de l’harmonie’ et autres organisations propageant le magnétisme animal.

 

Figure 4 : Frontispice du rapport de l’Académie des sciences (1784). Stephen Jay Gould décrira ce rapport comme « une preuve éclatante de la puissance et de la beauté de la raison», un « document clé de l’histoire de la raison humaine» et qui devrait «être sorti de l’ombre, traduit dans toutes les langues et diffusé par toutes les organisations qui se consacrent à dénoncer les charlatans et à défendre la pensée rationnelle(4)».

 

    La commission des scientifiques poursuit cependant ses travaux. Ayant constaté que les effets du magnétisme ne se manifestent pas chez les sujets incrédules ou sceptiques, elle imagine notamment diverses modalités d’expérimentation suivant lesquelles des sujets crédules pensent être ‘mesmérisés’, mais en réalité ne le sont pas : comme on pouvait s’y attendre, ils ressentent alors les mêmes effets.

    C’est ainsi que telle patiente, qui assure ressentir les effets du fluide sur la partie de son corps sur laquelle elle observe que le magnétiseur applique à distance les mains, ne peut plus identifier la partie de son corps qui est magnétisée lorsqu’elle a les yeux bandés. De même, convaincu qu’un magnétiseur le traite derrière une porte close, cet autre patient entre bientôt en convulsion… près d’une porte derrière laquelle il n’y a rien.

    Après de nombreuses expérimentations de ce genre, toutes plus ingénieuses les unes que les autres, la conclusion sans appel des commissaires est

que l’imagination sans magnétisme produit les convulsions et […] le magnétisme sans imagination ne produit rien. […] que rien ne prouve l’existence du fluide magnétique animal; que ce fluide sans existence est par conséquent sans utilité; que les violents effets que l’on observe au traitement public, appartiennent à l’attouchement, à l’imagination mise en action.

    Le rapport de l’Académie des sciences, par sa rigueur implacable et ses conclusions irréfutables sera, à Paris, fatal à Mesmer. Il quitte la capitale en 1785, sept ans après son arrivée, et mourra en 1815, sur les bords du lac de Constance, ses activités durant ces trente ans restant méconnues. Ses idées auront néanmoins une grande postérité : elles influenceront notamment le romantisme et l’idéalisme allemands, et elles seront à la source de l’intérêt pour l’hypnose et liées, comme cette dernière, aux débuts de la psychanalyse.

 

Figure 5 : Image extraite du film Le baquet de Mesmer, de Georges Méliès (1904, durée 3’). Visible en ligne.
 

Où Condorcet entre en scène

    Ce contexte historique rappelé, présentons maintenant Condorcet et les raisons bien spécifiques qui l’amènent à s’intéresser à cette histoire.

    Marie Jean Antoine Caritat, Marquis de Condorcet (1743-1794) est le plus jeune de ceux qu’on appelait en France les Philosophes et il sera aussi le seul d'entre eux à prendre part, activement, à la Révolution Française — il rédigera notamment de nombreux textes sur l’éducation (plus exactement, sur ce qu’il appelle l’instruction publique) dans le cadre de sa participation aux travaux pédagogiques de la Révolution. Il est en outre un des principaux concepteurs de cette laïcité républicaine que chacun connaît bien.

 

Figure 6 : Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet (1743-1794).

 

    Condorcet doit au départ sa notoriété à de brillants travaux de mathématiques, en particulier dans le domaine de l’analyse et du calcul différentiel et intégral. Il n'a que 22 ans quand il publie son Essai sur le calcul intégral (1765) et l'ouvrage, qui connaît un grand succès, lui vaut l'estime et l'admiration des plus grands mathématiciens de l'époque. La carrière scientifique de son auteur s’amorce alors et elle sera fulgurante. Il est élu à l'Académie des sciences en 1769 et continue de publier des ouvrages de mathématiques pures. En 1773, en plus de collaborer à l'Encyclopédie et sur les conseils de Voltaire, il rédige des Éloges d'académiciens décédés entre 1666 et 1699 (notamment : Christiaan Huygens (1629-1695), Gilles de Roberval (1602-1675) et Edme Mariotte (vers 1620 - 1684).

    En 1777, il est inspecteur général des monnaies et Secrétaire de l'Académie des Sciences ; mais il est aussi profondément engagé dans les débats philosophiques et politiques de son temps. En 1782, il entre à l'Académie française et rédige une Vie de Turgot ainsi qu'une Vie de Voltaire. Marié à Sophie de Grouchy, il tient avec elle un célèbre salon, haut lieu de rencontre des philosophes et politiciens pré-révolutionnaires.

    À la veille de la Révolution, Condorcet est donc le plus illustre représentant du « parti philosophique » — les autres étant morts avant 1789. Il peut se présenter comme l'héritier vivant des penseurs et des idéaux des Lumières françaises, qu'il incarne à la fois dans son action et dans ses écrits ; il se dépense alors sans compter pour la cause de la Révolution.

    Lorsque la Constitution montagnarde est adoptée, le 24 juin 1793, Condorcet rédige un texte qui appelle au peuple contre la Convention. Mais le 8 juillet 1793, il est dénoncé à la tribune de cette même Convention par un certain Chabot. Le philosophe comprend alors qu'il doit s'enfuir et trouve refuge dans la maison d'une amie. La réclusion volontaire du hors-la-loi durera neuf mois.

    Condorcet occupe les loisirs que lui impose sa clandestinité à rédiger, presque sans documentation mais avec un grand sentiment d'urgence, un livre qui est comme un testament et qui l'est même à un double titre. Ce livre (Esquisse d'un tableau historique de l'esprit humain) peut en effet être lu à la fois comme le testament personnel de Condorcet, un texte dans lequel il synthétise ses connaissances et ses espérances ; mais aussi, et on n'y a pas manqué, comme la synthèse des idées et des idéaux de tout le Siècle des Lumières : raison, connaissance, tolérance, humanité, éducation, émancipation, progrès.

    Son ouvrage achevé et craignant une perquisition, Condorcet quitte sa retraite et erre dans la campagne. Arrêté, il est conduit en prison à Bourg-l'Égalité. On le retrouvera mort dans sa cellule, le 29 mars 1794. Il est probable qu'il se soit suicidé. Son nom reste en outre aujourd’hui rattaché aux calcul des probabilités, à l’Idée d’une mathématique sociale et à un fameux et influent paradoxe, appelé justement « paradoxe de Condorcet » ou, parfois, « effet Condorcet ».

 

Un célèbre paradoxe mathématique

 

 

Condorcet s'est efforcé d'intimement lier progrès des connaissances et progrès social. D'où cette idée de « mathématique sociale » qu'il imagine (l'expression est d'ailleurs de lui), qui vise à appliquer l’outil mathématique à la résolution de problèmes humains, sociaux et politiques. Il est pour cette raison un précurseur original et important de la mathématisation des sciences sociales et de la théorie des choix sociaux, comme en témoigne son Essai sur l'application de l'analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix (1785). Le fameux paradoxe de Condorcet est apparu dans le cadre de ces travaux. Pour le faire comprendre de manière simple, prenons un exemple utilisé par Douglas Blair et Robert Pollak.

 

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Imaginons qu'un comité de sélection composé de trois personnes A, B, et C, ait à choisir un candidat parmi trois postulants x, y, et z. Les choix de chacun sont ordonnés et sont les suivants :

 

Examinons attentivement ces données. Dans deux cas sur trois (2/3 des votants), x bat y. Dans deux cas sur trois, y bat z. En d'autres termes, x bat donc y, qui lui-même bat z. Or, dans deux cas sur trois également, z bat x ! Le principe de transitivité (qui veut que si l’ensemble x est plus grand que l’ensemble y et que cet ensemble y est plus grand que l'ensemble z, alors nécessairement l'ensemble x est plus grand que l'ensemble z) n'est pas respecté et il y a là quelque chose de profondément troublant. En économie, le théorème d'Arrow, formulé en 1963, est une remarquable généralisation de ce résultat appliqué à la théorie du choix social. Il a suscité une abondante littérature et bien des voies ont été proposées pour surmonter le paradoxe de Condorcet et sa généralisation par Arrow.

 

La mesméromania ne pouvait manquer d’interpeller Condorcet

    Rapporté à cet axiome des Lumières dont Condorcet est un des plus ardents défenseurs et qui veut que la raison se répandant, les superstitions reculent tandis que s’accomplit le perfectionnement de l’espèce, il y a en effet quelque chose de proprement choquant dans l’obscurantisme dont témoigne la mesméromania, et tout particulièrement dans le fait qu’elle ait pu atteindre ceux-là qui auraient dû, par leurs études, en être prémunis.

    C’est donc du rôle régulateur et adjudicateur de la raison dans les débats démocratiques que cette affaire appelle à méditer. Mais aussi, par le fait même, elle contraint à s’interroger sur le statut et le rôle des institutions qui incarnent cette raison et au premier titre les Académies qui furent, dans cette affaire, accusées de favoritisme et de partialité par les défenseurs de Mesmer. Ce thème engage à son tour celui du rôle des savants et de la fonction de l’éducation dans une démocratie éclairée : ceux d’informer le public et de contribuer à former et éclairer son jugement.

 

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    Condorcet rédige vraisemblablement son texte pendant que la commission des scientifiques menait ses travaux (5). Il conserve, comme on le verra, toute sa pertinence dans son salutaire rappel de principes fondamentaux de pensée critique : par exemple, que la crédulité est plus répandue que l’on voudrait sans doute l’admettre, que des personnalités éminentes en divers domaines et réputées savantes ont été bernées par le passé ; qu’il faut aussi se méfier des témoignages (6), méditer sur les conditions de leur recevabilité, envisager diverses hypothèses pour expliquer des phénomènes réputés extraordinaires, et plusieurs autres que vous pourrez découvrir.

 

Figure 7 : Une des innombrables formes que prennent aujourd’hui les « cures magnétiques » — ici, un bracelet.

Figure 7 : Une des innombrables formes que prennent aujourd’hui les « cures magnétiques » — ici, un bracelet.

 

    Mais il demeure aussi, hélas, d’une actualité bien attristante : on a en effet estimé que les diverses thérapies magnétiques — utilisant bracelets, bagues, bijoux, semelles et autres gadgets — représentent aujourd’hui, à l’échelle planétaire, un marché d’un milliard de dollars. Leur critique, depuis le moment où Condorcet exprimait ses doutes, a maintes fois été faite et les évaluations rigoureuses et crédibles de leurs prétentions les ont ad nauseam démontées et réduites à néant (7). De quoi, en somme, invalider les doutes que Condorcet (ou la personne qui copia son texte dans le dossier de l’Institut) pouvait entretenir sur l’opportunité de publier ces réflexions sur le magnétisme animal.

 

(cet article a été publié pour la première fois dans le magazine Le Québec sceptique, n°75, été 2011 ; il est publié ici avec une iconographie et un texte légèrement différents, et conjointement avec le manuscrit de Condorcet numérisé par BibNum pour la circonstance, D.R. Institut de France)

 


Annexe : le manuscrit de Condorcet

 

 

    Le texte se trouve dans le MS 883 de la Bibliothèque de l’Institut, folios 230-246.

    On distingue nettement deux documents : un brouillon sur papier parchemin et une mise au propre sur papier oignon, de plus petit format. On peut raisonnablement penser que le deuxième document est une copie ultérieure (faite après la mort de Condorcet, au moment de la réédition de certains de ses textes ?), car le copiste ne réussit pas à lire dans le manuscrit le nom de Harvey, très mal écrit (cf. ci-dessous le blanc laissé, sous le tampon) — si ç’avait été Condorcet l’auteur du second document, il n’y aurait bien sûr pas eu cette lacune.

 

 

    Hors ceci, ces deux textes différent très légèrement : c’est le deuxième texte que j’ai transcrit, me référant cependant à l’autre pour trancher des doutes que je pouvais avoir à la lecture de certains passages.

    Mon travail éditorial sur ce texte a été limité. J’ai modernisé l’orthographe de quelques mots, là où c’était souhaitable (savant pour savan, attouchement pour attouchemen, prosélyte pour prosélite, par exemple); ajouté quelques signes de ponctuation; et indiqué là où il le fallait les interprétations que j’ai privilégiées dans ces cas où j’ai eu à trancher; et ajouté quelques notes de bas de page pouvant aider à la compréhension du texte.

    Par contre, j’ai annoté le texte afin d’en faciliter la compréhension, notamment en identifiant les personnages ou événements auxquels Condorcet fait référence.

 

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Je respecte beaucoup les hommes distingués qui ont acheté le secret de M. Mesmer (8) parce qu’ils y croyaient d’avance et qu’ils ont continué d’y croire (9).

Mais Bodin (10) croyait aux sorciers. L’imposture grossière des vampires attestée par une foule de témoins a eu pour historien le savant Dom Calmet (11). Jacques Aymar (12) a eu des partisans illustres ; la poudre du chevalier Digby (13) a fait des prodiges sur des malades de tous les états. On est étonné des noms qu’on rencontre au bas des miracles de St Médard (14). De nos jours on a cru à l’horoscope [et à] Larangue qui voyait l’eau à travers la terre, ce qui est un véritable miracle (15). Parmi les prosélytes de Swedenborg (16) on trouve des hommes instruits, occupant des places honorables (17) et raisonnables sur toute autre chose.

Les seuls témoins qu’on doive croire sur les faits extraordinaires sont ceux qui en sont les juges compétents. Il existe 18, dit-on, un fluide universel dont les effets s’étendent depuis les astres les plus éloignés jusqu’à la Terre (19)? Eh bien, je n’y puis croire que sur l’autorité des physiciens. Ce fluide agit sur le corps humain ? J’exige alors que ces physiciens joignent de la philosophie à leurs connaissances parce que je dois me méfier alors de l’imagination et de l’imposture. Ce fluide guérit les malades sans les toucher ou en les touchant ? Alors, j’ai besoin que les médecins m’attestent la maladie et la guérison.

Mais le magnétisme animal a été admiré, employé par des philosophes et des médecins. J’en conviens. Mais il s’agit de me déterminer à croire sur une autorité : cela est dur pour la raison humaine. Ainsi, je n’entends point par physicien ou par médecin un homme qui a fait des livres de physique ou qui a été reçu docteur dans quelque faculté. J’entends un homme qui avant qu’il fut question du magnétisme jouissait en France, en Europe même, d’une réputation bien établie. Voilà l’espèce de témoignage qu’il me faut pour croire un fait extraordinaire de physique ou de médecine.

Mais il faut encore que ce témoignage ne soit pas balancé par des témoignages contraires, à égalité de mérite et d’autorité. Un seul homme qui, admis à voir les mêmes faits, ou ne les voit pas ou n’y voit point le merveilleux qu’on peut y voir, balancera ceux qui auront vu : parce que la circonspection qui ne voit point trompe rarement et que l’enthousiasme qui veut croire trompe souvent (20).

D’après ces principes on voit déjà qu’il est impossible de croire au magnétisme animal soit de M. Deslon (21), soit de M. Mesmer.

Examinons maintenant si, malgré la sainteté du secret, ces messieurs n’en ont pas assez dit, ou assez laissé voir, pour ôter toute espèce de motif de croire.

C’est l’imagination qui seule produit les effets attribués au magnétisme : qui ne l’a dit ? M. Mesmer lui-même et ses partisans qui ont employé ouvertement tous les moyens connus pour exciter l’imagination : appareils merveilleux, postures bizarres ou contraintes, langage extraordinaire, réunion d’un grand nombre d’individus; des attouchements légers qui, dans les individus sensibles produisent un effet qui les étonne et réveille l’activité de leur imagination.

L’approche du doigt produit même, à une petite distance, une sensation fugitive qui devient un léger chatouillement lorsqu’on a une forte attention ; une heureuse crédulité et l’imagination se chargent du reste. Des femmes vaporeuses sont magnétisées par des hommes et il n’y a point de médecin éclairé, de physicien instruit qui ne sache combien il en peut résulter de choses merveilleuses, en supposant même chez les magnétiseurs l’innocence la plus complète.

Quelques personnes ont osé parler de charlatanisme, mais ces malades soumis à la volonté du magnétiseur, ces cataleptiques qui n’en voient que mieux quand ils ont perdu la vue, ces malades qui devinent les maladies, tout cela n’a-t-il pas la plus grande ressemblance à ces fameuses histoires de démoniaques dont les livres sont pleins. Nicole De Vernins (22), Marthe Brossier (23), les Ursulines de Loudun (24) n’ont pas fait de choses moins merveilleuses. Les raisonnements des magnétiseurs contre les préjugés des savants ne sont-ils pas absolument les mêmes que ceux des charlatans les plus célèbres ? L’exemple le plus frappant de l’opposition aux vérités physiques ou médicales est celui de Harvey (25). On a remarqué qu’aucun médecin âgé de quarante ans lors de sa découverte, ne consentit à la croire. Mais un grand nombre de physiciens y crurent sans peine. L’exemple de Newton ne prouverait rien ici : personne ne nia les découvertes. On persista seulement à vouloir (26) les expliquer par des tourbillons (27); et on ne citera pas une seule découverte qui n’ait été reconnue en très peu de temps par la pluralité des savants; et pas une des prétendues découvertes rejetée par eux qui n’ait été reconnue pour une chimère.

La manière dont les magnétiseurs défendent leur doctrine me paraît encore un violent préjugé contre eux. Par exemple ils parlent de fluide magnétique et ils ignorent que l’existence de ce fluide est bien loin d’être généralement reconnue. Ils donnent l’influence de la lune sur le corps humain pour une vérité avérée, et ni cette influence, ni les faits sur lesquels ils l’appuient ne sont admis. Ils comparent cette influence à l’action que produit les marées, et ils ignorent que cette action a été soumise au calcul et qu’il résulte de ce calcul que cette action est nulle.

[IX] Parmi les personnes qui ont des secrets, les unes avouent franchement qu’elles les gardent pour s’enrichir ; si cela n’est pas noble, cela n’est pas injuste : et en vérité l’exacte justice est si rare, et si on l’observait le genre humain se trouverait si bien qu’on ferait fort bien de ne rien exiger de plus des hommes ou du moins de l’état.

Les autres disent qu’il y aurait du danger à révéler leur secret. Quelques-uns le conservent pour que les étrangers, les ennemis du pays n’en profitent point. Ces derniers motifs sont suspects toutes les fois qu’un homme fait une chose utile à ses intérêts ; il peut s’ouvrir à ses amis sur les motifs plus nobles qui peuvent l’inspirer, mais il ne doit jamais les dire au public qui ne peut le croire.

[X] D’ailleurs comment ce secret si utile serait-il dangereux s’il était connu? Ne l’est-il pas davantage en restant secret ? S’il est public ne trouvera-t-on pas des moyens de s’en défendre ?

Supposez la poudre à canon connue d’une seule nation, n’aurait-elle pas réduit toutes les autres à l’esclavage, les possesseurs du secret ne seraient-ils pas les maîtres absolus de leur nation ? Est-il possible de garder ce secret, et cependant de le répandre assez pour qu’il soit utile ?

[XI] Comme Mr Mesmer est mécontent des Académies nous prendrons la liberté de raconter ici une petite anecdote. Un homme qui avait trouvé la quadrature du cercle se plaignait qu’on ne voulut pas l’examiner.— «Mais, lui dit un Académicien, ces examens font perdre inutilement beaucoup de temps». — «Cela est bon pour les autres, dit le quadrateur. N’examinez que la mienne. Elle est seule bonne».

[XII] Mr Mesmer veut-il que des gens sans préjugés croient à la réalité de son agent, ou veut-il ne persuader que ses malades ?

S’il veut convaincre les gens sans préjugés, que son cabinet soit ouvert aux physiciens ; que là, sans malades et n’ayant pour témoins que ceux qui ont bien voulu s’y rendre, il fasse des expériences bien simples, bien convaincantes, peu à peu il verra arriver successivement chez lui tous les hommes éclairés, selon qu’ils sont plus ou moins disposés à croire. Il entendra leurs objections, il trouvera les moyens de les détruire.

Ne veut-il persuader que les malades ? Il n’a rien à faire que ce qu’il fait.

J’en demande pardon à Mr Mesmer, je n’ai jamais cru ni aux grandes découvertes qu’on garde dans son portefeuille, ni aux inventions dont on ne s’empresse point de prouver la réalité, ni aux complots de savants contre les nouvelles découvertes. M.M. les inventeurs, si vous vous défiez de leur zèle pour la vérité, croyez au moins à leur orgueil : ils ne demanderont pas mieux que de connaître ce que vous avez découvert, et ils ne douteront pas d’en tirer bientôt plus de vérité que vous-même.

 

Janvier 2014

 

 

 

 

 

 


 

1  « Sur les raisons qui m’ont empêché jusqu’ici de croire au magnétisme animal ». Ce texte de Condorcet est reproduit, sans annotations, en annexe à : Darnton R. (1970 & 1968), Mesmerism and the End of the Enlightenment in France, Harvard University Press, Boston, 1968. Ma transcription, en annexe au présent article, diffère légèrement de celle-ci.

2 Les informations données ici proviennent notamment du chapitre 7 des Memoirs of Extraordinary Popular Delusions and the Madness of Crowds, de Charles Mackay, qui est en partie consacré à Mesmer.

3 Cette description est reprise de Mackay et au rapport de l’Académie dont il est question plus loin.

4 S. J. Gould, Bully for the Brontosaurus, WW Norton & Co, New York, 1991, pp. 188-189. Ces passages sont cités par Michael Shermer ; la revue Skeptic (volume 4, numéro 3) a fait paraître sa traduction anglaise du rapport. On peut consulter l’original du rapport sur la bibliothèque numérique @medica de la BIUM.

5 Il est en effet postérieur à la fameuse vente de son secret par Mesmer, puisque Condorcet y fait référence; et il ne réfère pas au rapport de la commission.

6 Condorcet a certainement lu David Hume (1711-1776) à ce sujet.

7 Voir à ce sujet la synthèse proposée par Stephen Barrett, "Magnet Therapy: A Skeptical View". Accessible en ligne ; ainsi que l’éditorial du 5 janvier 2006 du British Journal of Medecine, 332 :4 : "Magnet therapy".

8 On se souvient de cette souscription évoquée plus haut.

9 On notera l’ironie de cette introduction, qui n’est pas sans rappeler celle de Descartes ouvrant son Discours de la méthode par : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont.»

10 Référence au philosophe et théoricien du politique et du droit Jean Bodin (1529-1596). Son De la Démonomanie des sorciers  (1580) soutient en effet que les sorciers existent et préconise contre eux le recours à la torture pour obtenir des aveux — et cela même contre des handicapés ou des enfants soupçonnés de sorcellerie.

11 Le bénédictin Antoine Calmet (1672-1757) est en effet notamment l’auteur d’une Dissertation sur les apparitions des anges, des démons et des esprits et sur les revenants, et vampires de Hongrie, de Bohême, de Moravie et de Silésie (1746).

12 Jacques Aymar-Vernay est un paysan Français de la fin du XVIIe siècle qui prétendait, grâce à une baguette, avoir le pouvoir de localiser de l’eau, des métaux et même des malfaiteurs. L’imposture fut percée à jour.

13 L’Anglais Kenelm Digby (1603-1665) popularisa en France une « poudre de sympathie ». Il la présente dans son Discours fait en une célèbre assemblée touchant la guérison des playes et la composition de la poudre de sympathie (1658).

14 Sur fond de querelle du jansénisme, des miracles allégués et des convulsions se produisent entre 1727 et 1732 au cimetière de Saint-Médard, sur la tombe du diacre François de Pâris (1690-1727), ami des pauvres.

15 On appelait ‘hydroscopes’ des individus qui prétendaient avoir cette faculté de voir l’eau à travers la terre. Il est possible que ce Larange (ou Parangue ?), dont je n’ai pu retrouver la trace, en ait été un.

16 Emanuel Swedenborg (1688-1772) est un scientifique, inventeur, théologien et philosophe suédois. Il devint vers la fin de sa vie une sorte de mystique disant avoir des visions.

17 Le mot ‘raisonnable’ a été biffé.

18 Condorcet a écrit : ‘exige’. Je rectifie.

19 Condorcet a écrit : ‘terre’. Je rectifie selon l’usage courant.

20 Ce dernier membre de phrase est rattaché par moi à ce qui précède, ce qui me paraît préférable pour l’intelligence de l’argument. Condorcet en a fait une phrase unique donnée en un nouveau paragraphe.

21 Charles Nicolas Deslon (1750-1786), professeur de médecine et membre de la Société royale de médecine, fut aussi, on l’a vu, un ardent défenseur des théories de Mesmer.

22 Lecture conjecturale. Cas allégué de possession démoniaque.

23 Cas allégué de possession démoniaque.

24 Cas allégués de possession démoniaque dans un couvent de Loudun. Cette célèbre affaire (dite des démons ou des possédés de Loudun) éclate en 1632 et fit grand bruit. Elle conduisit à la mort d’un curé, qui fut torturé puis brûlé.

25 William Harvey (1578-1657) est un médecin et physiologiste anglais qui a bouleversé la physiologie en établissant, dans son Exercitatio Anatomica de Motu Cordis et Sanguinis in Animalibus (1628), le fait de la circulation sanguine et le rôle qu’y joue le cœur.

26 Ici, en marge : ‘certificat de malades’.

27 Allusion à la physique cartésienne, qui invoquait en effet des tourbillons d’éther emplissant l’espace.

 

DOCUMENTS D'ORIGINE SUR INTERNET

« Rapport des commissaires chargés par le Roi de l'examen du magnétisme animal », chez les Marchands de nouveautés (1784), en ligne @medica (BIUSanté).

 

 

 

 

 

 

Vidéo de Georges Méliès (1906), Le Baquet de Mesmer, sur Youtube (ici ou ).

 

 

 

 

 
LIVRES SUR MESMER

 
  • Robert Darnton, La Fin des Lumières. Le mesmérisme et la Révolution, Perrin (1984), rééd. Odile Jacob (1995).

 

 

 

 

 

 

  • Jean Thuillier, Franz Anton Mesmer ou l'extase magnétique, Robert Laffont, Paris (1988).

 

 

 

 

 

 

SCEPTICISME SCIENTIFIQUE CONTEMPORAIN

 

  • site de la revue Le Québec sceptique, nombreux articles téléchargeables (lien).

 

 

 

 

 

  • Gérald Bronner, La Démocratie des crédules, PUF (2013).